25.12.14

3 days in paradise

Fraser Island, aka le plus bel endroit de la planète (au moins).



Vendredi dernier, on s'est levé à 4h40 tapantes (enfin presque...) pour aller prendre le ferry à Hervey Bay, destination: Fraser Island, la plus grande île de sable au monde, classée au patrimoine mondial grâce à ses falaises de sable coloré, ses lacs perchés à l'eau cristalline et sa population de dingos (entre autres). Oui, ça fait envie.

On a donc pris possession de notre petit 4x4 de location, on a jeté toutes nos affaires pêle-mêle dans le coffre, et zou! Avant qu'on parte, l'agence de 4x4 nous a quand même fait regarder deux petits films sur la conduite en 4x4 dans le sable et sur le camping - en particulier les mesures à prendre par rapport aux dingos. Tout ça à base de "slow is safe", d'images de 4x4 renversés sur la plage, d'ensablements et de dingos qui montrent les dents. Un tout petit peu stressant.

En arrivant, c'était un peu de route avec des graviers puis de la piste toute molle directement: GROS STRESS, c'était Simon qui conduisait et moi qui flippait sur le siège passager. Spoiler: tout s'est bien passé.












Fraser Island est une grosse île d'environ cent kilomètres de long et quinze kilomètres de large, ce qui fait peu quand on conduit sur du bitume, mais sur du sable, il faut en gros multiplier toutes les distances par deux en termes de temps pour les parcourir. Dans la petite vidéo du début, la dame disait qu'on pouvait mettre une heure à faire dix kilomètres si les conditions étaient particulièrement mauvaises (genre piste toute pourrie avec du gros sable sec tout mou, plein de trous et de racines).

C'est rigolo au début, parce qu'on est secoué dans tous les sens comme dans un manège. Au bout de quelques heures, c'est chiant parce qu'on est secoué dans tous les sens comme dans un manège. Vraiment très, très secoué.

La grande question du séjour était: qui va ensabler la voiture en premier? On avait deux pelles et deux palettes à mettre sous les roues en cas d'ensablement, fournies par l'agence de location. Finalement, on est tellement doué qu'on n'a pas ensablé la voiture; par contre, on a aidé d'autres gens à s'en sortir, mais que parce qu'ils nous bloquaient la route. Sinon on les aurait laissés se débrouiller, ces gros idiots.

Après la piste, il y a eu la plage. La première fois que j'ai conduit sur la plage (et je parle de la plage de cent kilomètres de long sur la côte Est de l'île), je me suis sentie liiiibre, un peu comme la première fois que j'ai conduit toute seule après avoir eu le permis, mais en mille fois plus stylé.


Il y a de l'espace, pas de lignes blanches, pas de panneaux et pas de feux. Et très peu d'autres conducteurs. Pour la stressée du volant que je suis, c'était le paradis, et en plus c'était beau!

En revanche, si tu ne veux pas mourir, pas question de faire le fou en 4X4. Les limites de vitesse sont strictes: 80 km/h sur la plage, 30 sur les pistes, la police est là (dans des 4x4 de police!) et elle met des amendes. Et c'est justifié. Rouler dans un trou ou sur une grosse racine à 30 km/h, c'est très désagréable voire parfois très dangereux: nos affaires dans le coffre ont maintes fois sauté dans tous les sens en faisant des bruits de ferraille (rapport aux casseroles et aux bouteilles en verre), et nous aussi sur nos sièges (mais sans les bruits de ferraille). Pas bon pour le dos. Sur la plage, je n'ai jamais dépassé 70, car je cite: "slow is safe", et "un virage brusque peut faire se retourner la voiture". Haha. Avec les vagues et les tas de sable sec au milieu du sable mouillé, les virages brusques n'étaient pas improbables.

Sur l'île, il y avait les 4x4 normaux, les jeeps et les BUS 4X4. Le concept: un (mini)bus de tourisme, mais perché sur des grosses roues de 4x4.


Outre que conduire un truc comme ça doit être hautement stressant et dangereux, voir un bus garé à l'endroit qu'on s'apprêtait à visiter signifiait que l'endroit en question allait être plein de kékés en shorts de bain bruyants et stupides qui se déplacent en bandes tels des moutons, prennent toute la place, jouent au foot ou prennent des photos des mêmes trucs pendant trois heures. Et qui du même coup gâchent tes propres photos. Même chose pour les caravanes de jeeps. A chaque fois qu'on en croisait, on se disait qu'on était bien content d'être tout seuls comme les bons antisociaux que nous sommes.











K'gari veut dire "paradis" dans la langue aborigène locale, celle de la tribu des Butchulla (si ma mémoire est bonne). Ce nom va comme un gant à l'île, qui est un parc national magnifique et classé au patrimoine mondial. Les australiens le savent et ils sont très, très consciencieux quant à l'environnement, la faune et la flore. L'île est couverte de panneaux informatifs et d'instructions qui visent à préserver le parc national et ses habitants. Il y en avait tellement partout et tellement détaillés que si quelqu'un faisait quelque chose de mal, il devait soit être vraiment méchant, soit ne pas savoir lire.

Le règlement sur Fraser Island:

- Ne pas nourrir les animaux. Ne PAS le faire. Ils insistaient vraiment là-dessus. Pour les dingos en particulier, on nous disait bien de ne laisser aucune nourriture ou poubelle dehors la nuit et de bien tout enfermer dans la voiture. Les campings, les villages, les aires de pique-nique et les coins poubelles étaient tous entourés de grillages pour empêcher les dingos d'entrer.

- Etre "dingo-safe".


Outre l'interdiction de nourrir les dingos, il fallait aussi ne pas les approcher, les attirer ou interagir avec eux; ne pas se promener tout seul, y compris pour aller aux toilettes dans la nature la nuit; garder les enfants de moins de 14 ans à proximité tout le temps; en cas de menace, croiser les bras, s'éloigner en reculant calmement; en cas d'attaque, se défendre agressivement (selon le gars de l'agence de 4x4, à coups de pelle. Chacun sa méthode). Le message, c'était que les dingos devenaient moins farouches quand on les nourrissait ou qu'on interagissait avec eux, et qu'ils devenaient agressifs. Ca marchait plutôt bien parce que les panneaux disaient aussi en petit qu'un petit garçon s'était déjà fait tuer par des dingos. Je pense que ça devait dissuader les gens de les prendre pour des gentils chiens. On n'a pas vu de dingo pendant trois jours, juste des empreintes dans le sable le deuxième matin. J'étais un peu déçue mais je me suis dit que le karma avait équilibré en nous donnant du beau temps. Mais juste avant de prendre le ferry du retour, au bord de la piste, il y en avait deux, un adulte et un bébé, qui se baladaient tranquillou en gratant le sable et en ignorant les quatre voitures qui passaient à trente centimètres d'eux.



Après, j'étais contente.

- Garder ses détritus avec soi et les jeter dans les centres de traitement des déchets de l'île, indiqués sur la carte. Ne rien enterrer.

- Ne rien verser dans les lacs ou cours d'eau, y compris crème solaire, anti-moustique, urine, savon, produit vaisselle... Pour préserver la pureté de l'eau et les animaux. Si on devait aller aux toilettes ou faire la vaisselle dans la nature, il fallait creuser un trou de 50 centimètres à au moins 50 mètres de tout point d'eau pour que le sable filtre tout.

- Ne pas camper hors des zones de camping.

- Ne surtout pas se baigner dans la mer, parce qu'elle est pleine de requins et de méduses, hihihi!

Et voilà. Les panneaux sont très sympas et ils expliquent bien les raisons de tout, au lieu de seulement interdire des choses. Par exemple, ils disent de ne pas nourrir les animaux parce que notre nourriture peut les empoisonner, les faire devenir dépendents des humains ou aider à agrandir leur population au point de les rendre nuisibles pour l'écosystème.










En trois jours, on a roulé plus de 300 kilomètres et on a vu à peu près tous les trucs intéressants qu'il y a à voir. Voici la liste de tous ces trucs, du Nord au Sud:

- les Champagne Pools
Ce sont des sortes de petites piscines d'eau de mer formées entre les rochers. Quand les vagues passent par-dessus, elles viennent bouillonner dans les piscines, d'où le nom. En vrai, c'était très petit, pas super impressionnant et beaucoup trop bondé.



- Indian Head
Une mini-péninsule s'avançant dans l'eau avec une falaise et des rochers, d'où on pouvait voir la plage des deux côtés et des animaux dans l'eau. Sans doute l'un des plus beaux endroits de l'île, sinon le plus beau.



- Lake Allom
Un des lacs perchés de l'île, dans lequel vivent des petites tortues curieuses qui sortent leur tête dès qu'on fait du bruit.

Petite tête de tortue curieuse.

- le Maheno Shipwreck
C'est l'épave du Maheno, un bateau qui s'est échoué sur la plage Est de Fraser en 1935 et que personne n'a pensé à enlever depuis. C'est impressionnant, et ça fait un peu peur.


- Eli Creek
Ou "Hangover Creek", apparemment. Une rivière d'eau transparente et fraîche avec un courant naturel, que tu remontes sur une petite passerelle avant d'entrer dans l'eau et de te laisser ramener à la plage par le courant. Selon les dires, si tu fais ça après une soirée bien arrosée, ta gueule de bois s'en va, d'où le surnom. On n'a pas essayé.

Comment ça on dirait que je suis morte?

- le Red Canyon
Des falaises de sable coloré avec différentes couches de différentes couleur.



- Lake Wabby
Un lac perché au bord de la côte Est, caché derrière une énorme dune de sable qui l'engloutit de trois mètres par an.


Malgré tous les panneaux disant de ne pas dévaler la dune pour sauter dans le lac, bien sûr, plein d'abrutis le faisaient quand même (c'étaient les gens des bus 4x4).
Dans l'eau, il y avait de tous petits poissons qui surprise! ont commencé à nous mordiller les pieds quand on se baignait. Du coup, on a testé la fish pédicure gratuitement et ça chatouillait un peu mais c'était cool.

- Lake McKenzie
Lac le plus fréquenté de l'île, à l'eau de la couleur du paradis et à la température parfaite, bordé par une plage de "sillica white sand", du sable blanc tellement propre qu'il couine quand on marche dedans, et avec lequel on peut apparemment se brosser les dents.




On n'a pas essayé non plus. En tout cas, il collait et s'infiltrait partout exactement comme du sable normal.

- Lake Boomanjin
Sur la route des lacs au Sud, qu'on a faite en sortant du ferry. Grand, à la surface lisse comme un miroir, et à l'eau transparente (encore).




















Comme je l'ai dit plus tôt, il y a des campings entourés par des barrières anti-dingos, mais sinon, il y a aussi des zones de camping sauvage sur la plage, derrière les premières dunes. C'est là qu'on a campé les deux nuits, à cinq cent mètres du Maheno. Plutôt sympa.



Comme on est futé mais pas trop non plus, on avait oublié nos chaises de camping. L'agence de location nous avait prêté une tente, on avait acheté un matelas à $19 à Kmart (je sais pas si j'ai déjà parlé de Kmart mais c'est génial comme magasin), Simon l'avait enlevé de sa boîte avant de le mettre dans le 4x4. Quand j'ai voulu le gonfler, j'ai pas trouvé le bouchon. Du coup, on a dormi deux nuits par terre, on a eu mal partout et on s'est senti stupide. Mais au moins cette fois j'étais sûre qu'il allait faire beau (rapport à l'équilibre du karma, tout ça).

On ne s'est pas fait attaquer par un dingo en allant aux toilettes dans les dunes.



On a repris le ferry en sens inverse avec plein de beauté dans les yeux et plein de fatigue dans le dos. Et on a trouvé que le nom aborigène de l'île lui allait bien mieux que le nom anglais.





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